Yves Klein l'exposition, "Vides. Une rétrospective", Musée National d'Art Moderne, 2009
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L'art immatériel

Jul 27, 2021

Record de vente aux enchères, 15.000 euros pour une œuvre d’art invisible :

Aujourd’hui, Elwani s’intéresse de près au phénomène de l’art immatériel, comme nouveau mode de création et son influence sur les mécanismes du marché de l'art.

Et si l’art n’existait pas :

L’art contemporain est en train de devenir l’expression ultime de la liberté artistique. On remarque une nouvelle génération d’artistes audacieux, doués d’un talent brut et résolument novateur. L’artiste qui s’inscrit dans cette discipline souhaite s’affranchir des codes archaïques, des écoles d’art, de la morale, de la bien-pensance et du politiquement correct. Pour lui, c’est l’idée, l’essence même de la création qui prime. Ainsi, le résultat et l’exécution de l’œuvre deviennent secondaires. D’ailleurs , l’artiste « Sol LeWitt » (1928-2007), fut l’un des pionniers de ce concept. Il a focalisé toute son attention sur le travail intellectuel, qui préside à la conception de l'œuvre.

Il faut remonter un peu dans l’histoire de l’art, pour trouver d’illustres exemples sur l’art immatériel. En effet, cette idée à d’abord germé dans l’esprit de certains artistes visionnaires, comme Yves Klein qui fut le premier artiste à s’intéresser, à cette forme de création. On se souviendra des toiles monochromes (à partir de 1955), exposition « La spécialisation de la sensibilité à l'état de matière première en sensibilité picturale stabilisée (dite du "Vide") » en 1958 exposé à la galerie Iris Clert à Paris , cession de Zones de sensibilité picturale immatérielle ou projet (avec Claude Parent) d'une « architecture de l'air » (1962).

A cette époque Yves Klein a développé toute une philosophie autour du vide , comme moyen d’expression artistique. Il s’est mis en quête de cet « indéfinissable » de Delacroix qui est l’essence même de la peinture. Delacroix disait que : « Le mérite du tableau est l'indéfinissable : c'est justement ce qui échappe à la précision. En un mot, c'est ce que l'âme a ajouté aux couleurs et aux lignes pour aller à l'âme. » 

En Février dernier, c’est autour de l’artiste italien Salvatore Garau , de s’inspirer de l’héritage de ces prédécesseurs , afin de le réinventer à sa façon , rendant ainsi hommage à la philosophie de la dématérialisation de l’art . Avec sa sculpture intitulée «Buddha in contemplazione» («Bouddha en contemplation»), exposée sur la Piazza della Scala à Milan.

Il récidive en Mai 2021, avec une sculpture intitulée « Lo Sono » « Je suis » l’artiste a fait un coup de maître, en vendant cette œuvre invisible pour 15.000 euros lors d’une vente aux enchères. Il explique que cette œuvre conceptuelle, devra prendre place au centre d’une pièce vide achromatique, dans un carré de 150 centimètres sur 150, délimité par du ruban adhésif au sol. L’heureux acquéreur est reparti avec un certificat de garantie et d’authenticité de l’œuvre délivrée par la maison de vente Art-Rite. On imagine qu’elle sera parfaite pour décorer une de ces résidences privées. Nul doute qu’elle ne risquera pas d’épater ses invités et les laisser de marbre.

La troisième œuvre immatérielle de l'artiste italien, intitulée «Afrodite piange» «Aphrodite pleurante»), vient d'être installée à New York, devant le Fédéral Hall. Il a déjà reçu des propositions d'autres villes dans le monde. Une bonne nouvelle pour l’artiste, car ce dernier compte exposer sept sculptures invisibles.

Chergui Ahmed Ramzi , Le supermarché des émotions installation (Feelings supermraket) Biennale Algéro-Française du design , les ateliers sauvages Alger

En Algérie, on compte aussi des artistes adeptes du conceptualisme tourné vers une philosophie artistique de l’immatériel. L’artiste « Chergui Ahmed Ramzi » connu sous le nom d’Artéose , a d’ailleurs exposé en juin dernier , une installation intitulée « le supermarché des émotions » aux ateliers sauvages (Alger), et ce , dans le cadre de la biennale du design Algéro-française organisée par l’institut français d’Algérie  et sous le commissariat de Feriel Gasmi Issiakhem.

L’artiste a créé un espace conceptuel urbain, qui cultive les paradoxes et incite clairement à l’anti-consommation. L’artiste a tenu à mettre à honneur les émotions humaines. Celles-ci étaient présentées, symboliquement, dans des boites de conserves et des flacons de parfums. Le but de cette démarche artistique avant-garde est de sensibiliser les gens autour des questions environnementales, notamment, le réchauffement climatique et la crise de la biodiversité. Il tire la sonnette d’alarme sur nos habitudes de consommation qu’il est impératif de changer, si on veut léguer un meilleur avenir à nos enfants.

Le Museum of Non-Visible Art (Musée de l'Art Non-Visible, ou MONA) :

On constate un réel engouement des acteurs du marché de l’art, à leur tête, les galeries qui sont de plus en plus friandes, de ces formes de création artistiques contemporaines.

Maintenant, l’art immatériel à un lieu où s’exposer et se vendre. En effet, la ville de New York possède un musée consacré exclusivement à des œuvres d’art non visibles. Le marché de l’art contemporain n’a pas tardé à s’emparer de cette mouvance et lui donner une valeur sans matérialité.
Les œuvres exposées dans ce musée sont installées dans des salles aux murs blancs ou colorés. Le visiteur est amené à regarder des cadres vides quand il s’agit de peinture. Pour les installations et autres sculptures, il faut s’attendre au vide absolu. Une volonté de la part du musée qui a tenu à mettre une inscription devant chaque œuvre, expliquant le processus créatif de l’artiste qui l’a conduit à concevoir son œuvre invisible. « Fresh Air », une des œuvres exposées dans le Mona a d’ailleurs été acquise en 2011, par une cliente avisée, pour la coquette somme de 10 000 dollars.   Le musée précise que chaque acquéreur obtient une carte, avec la description de l’œuvre par l’artiste, ainsi qu’un certificat d’authenticité.

Ce musée, pour le moins atypique, peut compter sur le soutien et le dévouement sans limite, de célébrités du milieu artistique, à leur tête, l’acteur américain aux multiples talents « James Franco » qui a été présent dès la première heure étant lui-même un inconditionnel de l’art immatériel.
Il est clair que, l’art immatériel a encore de beaux jours devant lui, outre le coté provoque et anticonformiste. Ce courant artistique a le mérite de susciter un réel intérêt, sur des questions fondamentales qui touchent au plus profond, les mécanismes de la création artistique.
 
On l’aura compris, dans l’art immatériel, le vide n’est pas une absence de matière, mais un état spirituel qui sublime la matière et fait voyager dans l’imaginaire de l’artiste. L’œuvre immatérielle a un pouvoir direct sur ceux qui sont en mesure de regarder avec leur sensibilité. Le visiteur est libre, à travers, sa construction mentale de percevoir et d’imaginer l’invisible, le réinventer à sa façon, lui donner un sens qui lui est propre en devenant lui-même artiste en l’espace d’un moment éphémère.
Le philosophe Alain disait « Une œuvre qui n'apporte point quelque chose d'invisible et de neuf, on la laisse. »

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  • Kamila
    Dec 04, 2021 à 22:26

    Absolutely crazy and I love it!!!!

    Répondre

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