Henri Fantin-Latour
Jan 08, 2023
Henri Fantin-Latour
Peintre et lithographe français
Né : 14 janvier 1836 - Grenoble, France
Décédé : 25 août 1904 - Bure, France
Enfance et éducation
Henri Fantin-Latour (né Ignace Henri Jean Fantin-Latour) est l'un des trois enfants d'une mère russe et du portraitiste et professeur de dessin français Théodore Fantin-Latour. À l'âge de 5 ans, il déménage avec sa famille à Paris, où il commence à étudier le dessin sous la tutelle de son père. Plus tard, entre 14 et 18 ans, il étudie avec l'artiste Horace Lecoq de Boisbaudran, qui est connu pour demander à ses élèves d'observer les œuvres exposées au Louvre et de tenter ensuite de les reproduire de mémoire.
Bien qu'il fasse de brefs séjours en 1854 à l'École des Beaux-Arts, où il rencontre ses amis de toujours et ses futurs collaborateurs, James Abbott McNeill Whistler et Alphonse Legros, et qu'il travaille un temps dans l'atelier de peintre réaliste Gustave Courbet, la majeure partie de son temps reste consacrée à la copie des œuvres du Louvre. Il se concentre sur la reproduction de tableaux de maîtres anciens, et pendant une grande partie du début de sa carrière, il gagne sa vie grâce à ces copies. Il a également rencontré Edouard Manet, Berthe Morisot, Edgar Degas et Victoria Dubourg (sa future femme) alors qu'il travaillait au Louvre.
Autoportrait dessiné à l'âge de 23 ans
Au milieu du XIXe siècle, Paris était considéré comme l'épicentre de la création artistique et les artistes contemporains en herbe gravitaient autour de la capitale française. Fantin-Latour, Legros et McNeill Whistler faisaient partie de ce groupe d'espoirs. Dans un environnement où l'individu et l'expression individuelle étaient sacro-saints, ils décidèrent de former la Société des trois. Les trois collègues adhèrent à un ensemble de principes artistiques qui les aident à passer du statut d'amateur à celui de professionnel. La Société des trois a duré environ dix ans (entre 1858 et 1868) avant que chaque artiste ne soit suffisamment établi pour faire son propre chemin.
Hommage a Delacroix (1864)
l'artiste a peint un groupe de dix messieurs assis autour d'un portrait de Delacroix (basé sur une photographie de Delacroix prise dix ans plus tôt). Sont également représentés : Fantin-Latour, à gauche, en chemise blanche et tenant une palette ; James Whistler, debout à côté de lui ; Charles Baudelaire, assis, les bras croisés ; et Edouard Manet, debout juste derrière lui.
Au début de sa carrière, Fantin-Latour a surtout peint des autoportraits et des portraits de famille. L'un de ses portraits ayant été rejeté par le Salon de Paris en 1859, il se tourne vers la peinture de natures mortes. Persuadé par Whistler de visiter Londres, Fantin-Latour constate que ses nouvelles natures mortes, peintes de manière très réaliste, sont particulièrement appréciées. À Londres, il rencontre également Edwin et Ruth Edwards, qui deviendront des amis et des mécènes pour la vie. L'artiste n'a pas non plus dû attendre longtemps pour être apprécié dans son pays d'origine. Il expose d'abord au Salon de Paris en 1861, puis à la Royal Academy (à Londres) en 1862. Un an plus tard, et bien que son travail soit plutôt académique, il expose avec des artistes comme Paul Cézanne, Camille Pissarro, Whistler et Edouard Manet, au célèbre Salon des Refusés, une exposition qui a tant fait pour annoncer les impressionnistes.
Détail de la Musique aux Tuileries d'Édouard Manet (1862). Fantin-Latour est représenté à gauche, la seule figure masculine faisant directement face au spectateur.
De retour à Paris, Fantin-Latour passe la plupart de son temps avec un cercle artistique très fermé qui se réunit régulièrement dans les cafés du boulevard Saint-Germain. Il passe de nombreuses heures dans l'atelier de Manet et peint un certain nombre de portraits de la communauté artistique qui s'y trouve (Manet lui rendra la pareille en présentant Fantin-Latour et d'autres membres du groupe dans son tableau Musique aux Tuileries). Cependant, en dépit de son cercle social dynamique, Fantin-Latour reste une sorte d'outsider et, en vieillissant, il passe de moins en moins de temps dans les cafés d'artistes, préférant consacrer du temps à ses amitiés plus anciennes. L'art de Fantin-Latour entre dans sa phase de maturité vers le milieu des années 1860 et le début des années 1870. Ayant changé de cercle social, il commence à expérimenter volontairement la lithographie (ayant appris la technique auprès du beau-frère de Whistler) ainsi que des scènes mythologiques et des œuvres inspirées de partitions d'opéra.
Un studio aux Batignolles (1870)
Manet est présenté comme un mentor pour les artistes qui l'observent au travail. Parmi eux, l'artiste allemand Otto Schölderer, l'écrivain Emile Zola, Claude Monet, Auguste Rodin, le mécène Edmond Maître, Zacharie Astruc et Frédéric Bazille.
Période de maturité
La période de maturité de Fantin-Latour coïncide avec un grand changement personnel. Il avait longtemps eu le sentiment d'être immunisé contre les joies de l'amour. Il écrit à Whistler en 1866 et dit à son ami : "Je ressens très peu d'affection pour les femmes [...] Elles me font peur et je ne les aime pas". L'artiste et écrivain Elizabeth Kane a émis l'hypothèse que cette désaffection s'est probablement installée en 1867, année au cours de laquelle il a perdu sa mère. La mort de celle-ci coïncide avec la "perte" de ses deux sœurs ; la première a épousé un général russe et n'a plus jamais été revue ; la seconde a été internée. Kane a suggéré qu'il avait transféré son amour pour les femmes sur les portraits de ses modèles féminins.
Portrait de Victoria Dubourg, son amante et épouse, réalisé par Fantin-Latour en 1873.
L'attitude de Fantin-Latour change lorsqu'en 1869, il rencontre et tombe amoureux de Victoria Dubourg, une autre peintre de natures mortes. Bien qu'ils soient pratiquement inséparables, le couple est contraint d'attendre 1876 pour se marier. Ces fiançailles prolongées s'expliquent par le devoir de Fantin-Latour de s'occuper de son père vieillissant et de sa sœur internée. Cependant, une fois son père décédé, Fantin-Latour, (ayant perçu son héritage) était financièrement équipé pour soutenir sa femme. Le couple passait chaque été dans la propriété de la famille de Victoria en Normandie. Le climat normand permet la floraison de différentes sortes de fleurs, ce qui donne à Fantin-Latour l'occasion d'élargir le champ de ses natures mortes. Le mariage lui permet également de rejoindre le cercle familial de Dubourg, ce qui atténue quelque peu son sentiment de perte.
La période tardive
Tout en continuant à peindre des natures mortes, Fantin-Latour explore de plus en plus, à partir de 1876, les possibilités de la lithographie qu'il utilise pour illustrer aussi bien des œuvres de ses compositeurs favoris que des scènes mythologiques. La même année, il expose l'une de ses lithographies au Salon et reçoit un accueil très favorable. Son statut d'artiste est officiellement reconnu lorsqu'il reçoit la médaille de la Légion d'honneur en 1879. Il n'a cessé d'exposer ses lithographies jusqu'à la fin de sa vie, jurant en 1901 : "Plus jamais de fleurs ni de portraits. Je m'amuse à peindre tout ce qui me vient à l'esprit et, heureusement, j'ai un marchand qui achète tout ce que je fais".
A Basket of Roses (1890)
On sait peu de choses sur la fin de la vie de Fantin-Latour. Le couple s'installe dans l'appartement situé au-dessus de l'atelier d'Henri et y vivra jusqu'à la fin de sa vie. L'atelier est décrit par l'artiste Jacques-Émile Blanche comme "une sorte de grange en bois, peinte en rouge, blanc et bleu, que Degas décrit comme la tente orléaniste de Fantin, pourtant républicain, anticléricaliste et antimilitariste". Le couple n'a pas eu d'enfants, et ce que l'on sait met l'accent sur une existence satisfaite et sociable. Le couple continue à passer chaque année l'été en Normandie et c'est là qu'Henri décède en août 1904 (Victoria lui survit de 22 ans).
L'héritage d'Henri Fantin-Latour
Fantin-Latour reste l'un des peintres réalistes français les plus connus du 19e siècle, au point qu'une variété de rose Centifolia porte son nom. Il a eu un impact profond sur ses amis (bien qu'il ne soit pas un impressionniste), comme les portraits d'Alphonse Legros qui a suivi le style réaliste et sombre de Fantin-Latour. Il peut également être considéré comme une influence sur les premières œuvres d'artistes tels que Gustave Caillebotte. On pourrait également affirmer que ses œuvres mythologiques ont jeté les bases des symbolistes, Odilon Redon le citant comme une influence.
L'artiste découragé (1895)
L'héritage qu'il a laissé dans la culture générale s'est surtout fait sentir en Grande-Bretagne, où il jouissait d'un prestige considérable en tant que peintre de l'ère victorienne. Marcel Proust a mentionné son œuvre dans son livre À la recherche du temps perdu, tandis que plus récemment, son art a touché une nouvelle génération en figurant sur la couverture de Power, Corruption & Lies, l'album le plus vendu en 1983 du groupe britannique New Order.
L’histoire a retenu surtout les fleurs de Fantin-Latour mais c’est vrai que c’est une source magnifique d’inspiration en ce moment où la nature est malmenée …
Fantin-Latour inspirant toujours au 21ème siècle !
“Vanité”, dessins de fleurs fanées en ce moment exposés au Jardin botanique de Nancy : https://1011-art.blogspot.com/p/vanite.html